Usagi Yojimbo

Synopsis :

Japon, ère Edo (plus ou moins). Myamoto Usagi est un ronin, un samouraï sans maître, depuis la mort de son seigneur, Mifume, vaincus lors d'une bataille contre Hijiki, le seigneur sombre. Depuis, il erre sur les routes, se louant parfois comme yojimbo, garde du corps, afin de survivre.
Ses aventures vont l'amener à rencontrer nombre de compagnons, à l'image de Gen le chasseur de prime ou Tomoe Ame, du clan Geishu. Mais il va également devoir affronter de redoutables adversaires, dont les nombreux ninjas Neko et le redoutable Jei, l'émissaire des dieux.




Avis, Opinion et autres considérations :

Attention ! Avant toute chose, précisons un point. Oui, l'auteur de Usagi Yojimbo est originaire du Japon, et oui, l'œuvre est vendu généralement en tant que manga. Pour autant, la série n'est en rien un manga. Son auteur est américain, sa publication et son succès furent avant tout américain, et Usagi Yojimbo est un comic avant tout. Ceci dit, trêve de considération de genre. Usagi Yojimbo est surtout et avant tout une œuvre à porté internationale.

L'histoire prend place dans un japon médiévale crédible, ajouté de créatures typiquement tirées du folklore japonnais. Les références sont nombreuses, tant aux personnages célèbres qu'aux œuvres ayant fait vivre l'imaginaire japonnais.
(Je me souvient entre autre d'une très belle référence au film "Les sept samouraïs" de Akira Kurosawa dans le tome 6; de même, on découvre les tribulations d'un certains Zato, masseur aveugle et épéiste confirmé.. tiens, tiens, tiens...)
Ce Japon est peuplé de créatures anthropomorphes, dont à l'occasion quelques humains (Le seigneur Hijiki par exemple), à la personnalité bien marquée. Myamoto Usagi est donc un lapin. Un samouraï, qui plus est... ou était, depuis la mort de son seigneur. Malgré un dessin qui peut être trompeur au premier abord, il n'a rien de commun avec le lapin mièvre d'un Walt Disney ou avec l'imagerie grimaçante du samouraï (Du moins tel que le perçoivent généralement les européens). Bien au contraire ! Usagi est un personnage touchant, droit et respectueux du bushido, fidèle aux enseignements de ses maîtres. Un Samouraï jusqu'au bout des griffes qui vagabonde dans un Japon dans lequel il n'a plus de foyer.
C'est la première grosse surprise de Usagi Yojimbo. Malgré un graphisme que certains pourraient qualifier de naïf et des personnages animalisé (ou humanisé ?), l'ambiance est prenante dès les premières pages, riche et détaillée. Il n'y a pas de mièvreries ou d'humour grossier, pas d'action à tout prix (Mais de l'action tout court, la vie de ronin est pleine de danger), juste une fresque détaillée, un humour agréable et des passages pleins de sensibilité.



Graphiquement, les avis seront partagé, comme toujours. Au premier abord, le dessin peut paraitre simple - il l'est - voir simpliste - ce qu'il n'est par contre absolument pas. Stan Sakai sait donner vie à ses dessins en minimisant les traits pour ne garder que les plus importants. Cela donne une force singulière à son oeuvre, que nombre des bande dessiné aux traits sophistiqué n'ont pas. (Soyons honnête et réaliste : aucune de celle-ci, en fait.) Ses dessins n'en sont pour autant pas vide, loin de là. A chaque planche, c'est une multitude de détails qui sautent aux yeux, une richesse surprenante dans le trait qui font de chaque planche une petite merveille.
(Il n'est pas rare qu'en cours de chapitre, je dégotte une page ou deux qui feraient de superbes posters.)

Le scénario est également plein de richesse. Au premier abord, encore une fois, on peut trouver les histoire un peu simple. Il est clair que si vous cherchez un scénario bourré de questions ridicules et d'interrogations inutile, ce n'est pas vraiment là que vous trouverez votre bonheur. Mais très franchement, ce n'est pas le but. Les histoires sont prenantes de par l'univers et la philosophie si particulière qui s'en dégagent. Le bushido, le code des samouraïs, suivit par Usagi, le mène au delà de choix moraux et humains devant lesquels on ne peut rester insensible.
(La fin du volume 6 est pleine d'une détresse touchante, sobrement mise en scène et pourtant si poignante !)
Les nombreux personnages ont chacun une personnalité, un caractère et une façon de percevoir le monde qui fait que l'on ne peut que trouver son ou ses favoris parmi eux. Pas de manichéisme non plus : quelque soit la classe que l'on regarde, on y trouve le meilleurs comme le pire, l'être le plus honorable comme le plus méprisable personnage. Myamoto Usagi n'est qu'un vagabond, un voyageur dont les pérégrinations sont l'occasion de mettre en scène des personnages de tout rang et de toutes origines.
(Les connaisseurs sauront apprécier l'assassin et son fils, surnommés Bouc solitaire et son petit, par exemple.)
C'est parfois calme et méditatif, c'est parfois drôle, c'est parfois tragique, c'est parfois plein d'action... La série sait jouer sur de nombreux registres pour couper court à tout ennuis.

Richesse dans l'ambiance, richesse dans le dessin, richesse dans le scénario... Quel prétexte peut-on avoir pour passer à coté de ce petit bijoux ?
Le prix, peut-être... Et bien nom, justement non ! Car Usagi Yojimbo, dans son format "manga" est vendus à un prix somme toute très modique (Aux alentours de 4€), bien moins cher que la plupart des séries que vous suivez généralement. Et vu la qualité de l'oeuvre, il n'y a pas à hésiter une seule seconde.

Vous l'aurez compris, Usagi Yojimbo est une œuvre à découvrir. Juger de cette histoire sur un premier à-priori serait une erreur monstrueuse - que beaucoup font sans doute, malheureusement. Il faut avoir lu quelques volumes. L'on accroche bien vite à la fresque dépeinte par Stan Sakai, aux aventure du lapin ronin et de ses compagnons, au point de ne pas lâcher les volumes avant la fin et de les relire avec grand plaisir.
(Que le héros soit ce noble animal qu'est le lapin n'est qu'un plus bien appréciable)
La renommé de Myamoto Usagi n'est plus à démontrer. Après tout, le célèbre lapin à croisé à plusieurs reprise les célèbres Tortues Ninja ! (Par deux fois au moins dans sa propre série, et une fois au minimum dans la série télévisée des tortues mangueuses de pizza)
Et ça, honnêtement, c'est la grande classe.

Je remonte le sujet, profitant de la réception d'un colis hioer en rapport avec cette bande dessiné.
J'ai en effet mis la main sur "The art of Usagi Yojimbo", un superbe art book d'environs 200 pages bourré d'illustrations, pages de la BD et colorisation de toute beauté (Pour moins de 20€ qui plus est, un vrai bonheur). Je tenais donc à vous faire partager cette tranche de bonheur - j'ai pasé une bien agréable soirée, je peux vous l'assurer.